Okinawa Shorin-Ryu Karatedo : Historique

AUX ORIGINES DU KARATE :

Pour bien comprendre les origines du Karaté, il faut situer l’île d’Okinawa. C’est l’île principale de l’archipel des Ryu-Kyu, située entre l’île de Taiwan, le Japon et la Chine. L’archipel compte environ 70 îles.

Dès le 10ème siècle, la Chine entretient des rapports commerciaux avec l’archipel des Ryu-Kyu. De nombreux chinois se rendent à Okinawa, parmi eux des experts de boxe chinoise. Les arts et la culture traditionnels de l’île portent l’empreinte de l’influence chinoise. Au 16ème siècle, l’île fut unifiée. C’est le début du royaume des Ryu-Kyu qui perdurera jusqu’à la fin du 19ème siècle quand il fut officiellement intégré à l’empire du Japon (préfecture d’Okinawa).

Au 17ème, l’île fut envahie et occupée par les Japonais qui imposèrent leur domination sur l’archipel, tout en conservant l’autorité du roi des Ryu-Kyu. L’envahisseur instaura néanmoins une domination militaire, interdisant toute arme, afin d’éviter les rébellions.

Pendant tous ces siècles d’occupation les techniques de combat à mains nues (Tode) se sont naturellement développées, transmises secrètement, de Maîtres à disciples.

Les entraînements, qui se déroulaient le plus souvent la nuit, étaient basés uniquement sur l’efficacité. L’esprit de résistance, exacerbé par les exactions de l’occupant, et allié à l’instinct de survie ne laissaient aucune place au spectaculaire ou à l’esthétique. Ce sont donc les habitants d’OKINAWA qui ont donné naissance à cette méthode de combat à mains nues, appelée par la suite KARATE. Le Karaté, d’abord appelé « Main Chinoise » devint « Main Vide » en 1933, sous la pression politique de l’époque.

L’art du combat à mains nues se développa surtout autour de 3 villes : Naha – Shuri – Tomari et donna naissance à 3 styles majeurs.

Le Shuri-Te est un style qui s’est développé essentiellement dans la ville de Shuri, l’ancienne capitale d’Okinawa. C’est là où vivaient le roi et les membres de la noblesse.
Le Shuri-Te est connu maintenant à Okinawa sous le nom de Shorin-Ryu. 3 écoles portent le nom de Shorin-Ryu : le Matsubayashi-Ryu, le Kobayashi-Ryu et le Shobayashi-Ryu. Cela est dû à différents kanji pouvant se lire « sho », « rin » se lisant « bayashi » dans les mots. Il donna aussi naissance au Shotokan et au Wado Ryu au Japon.
L’école Oshukai pratique le « Kobayashi-Ryu », école de la jeune forêt.

Le Naha-Te était développé autour de la principale ville portuaire, Naha, qui était un grand centre de commerce.
Cette méthode de combat fut enseignée par Bushi Sakiyama (+.1819), Arakaki Kamadeunchu (1840-1920) et Kanryo Higashionna (1851-1915).
Le Naha-Te est reconnu comme Shorei-Ryu et évolua en Goju-Ryu d’Okinawa et Ryuey-Ryu.

D’autres styles connus sous le nom de Tomari-Te sont considérés comme une ramification du Shuri-Te.

L’école Uechi-Ryu (et ses dérivés) a ses racines dans la province du Fujian, en Chine, avec qui Okinawa entetenait d’étroites relations commerciales et culturelles.

LE SHURI-TE

Voici un peu d’histoire du Shuri-Te et de ses Maîtres…

Le Shuri-Te était pratiqué par les samouraïs de la cour du château de Shuri. L’origine du Shuri-Te et son évolution en Shorin-Ryu remonte à deux cents ans dans l’île d’Okinawa.

Shinjo CHOKEN est un Dai Jo ou une importante figure dans l’histoire du Shorin-Ryu. Il est connu comme l’un des premiers pratiquants de Shuri-Te. Il vivait à la fin du 16ème siècle et au début du 17ème.

Après Shinjo CHOKEN, un autre grand pratiquant martial du nom de Tode SAKUGAWA (1782-1865) devint célèbre à Okinawa. Il est en fait considéré comme le premier véritable initiateur du Karaté d’Okinawa. L’art martial de Tode SAKUGAWA était un mélange de Shuri-Te et de Kenpo chinois. C’est en 1756, que SAKUGAWA devint un étudiant du représentant militaire chinois KUSHANKU (aussi KUSANKU ou KOSOKUN). KUSHANKU était un maître de Kenpo très habile et célèbre pour son aptitude au combat. Il a fait beaucoup de choses qui ont influencé le Shuri-Te et ultérieurement le développement du Shorin Ryu. Il a enseigné à beaucoup d’Okinawaïens y compris Chatan Yara et Shionja de Shuri. Il amenait certains de ses étudiants de Chine à Okinawa et ainsi propageaient le style chinois sur Okinawa. En outre, il est rapporté que KUSHANKU introduisit une technique par lequel le poing en retrait était tenu dans une position prête à frapper le long du côté du torse (Hikite) et permettait de cette position de donner un coup vers la cible destinée.

KUSHANKU est aussi à l’origine d’un type de kumite ou sparring dans le Karaté d’Okinawa. Le kumite était référé comme Kumiai Jutsu ou technique de combat. Après sa formation avec KUSHANKU, SAKUGAWA devint un expert reconnu dans le style chinois de combat appelé Tode. C’est la base de son surnom Tode (main chinoise) SAKUGAWA. Il est reconnu comme étant le premier professeur de Karaté d’Okinawa. L’histoire laisse à penser que SAKUGAWA aurait combiné les techniques de style chinois Kenpo (Tode) avec le style des techniques autochtones d’Okinawa du Shuri-Te.

Le Shuri-Te est de ce fait la base du véritable Karaté d’Okinawa. Il y eut trois disciples qui se distinguèrent comme des excellents pratiquants. Il s’agit de Bushi UKUDA, Makabe CHOKUN et Bushi MATSUMOTO de Urazoe. Cependant, le plus célèbre était son dernier disciple Sokon MATSUMURA (1809-1896). Il était aussi appelé Bushi (Guerrier) MATSUMURA ou Shuri MATSUMURA.

Sokon MATSUMURA était un pratiquant de grande renommée parmi les experts des arts de combat de l’archipel. Toutes les généalogies du Karaté d’Okinawa remontent à Sokon MATSUMURA car il fut le premier à instaurer un système d’enseignement du Shuri-Te.

C’est à partir de Maître MATSUMURA que l’histoire du Karaté devient plus claire. Maître MATSUMURA était issu d’une famille noble et fût nommé garde du Prince au palais de Shuri. Il reçut l’enseignement d’une école de sabre puis fut instruit à l’art du combat par un Maître chinois du nom de IWA. Débutant la pratique des arts martiaux très jeune, il se distinguait par sa force, son courage et son intelligence. Plus tard, émettant des doutes sur le Bujutsu à travers lequel on ne recherchait que la force physique, il essaya de perfectionner son être à travers la religion et la calligraphie. Il est le premier à transmettre une méthode de combat et son art reçoit le nom de SHURITE. Dans son enseignement, trois directions se dégageaient nettement : le savoir encyclopédique, le mental de gagnant et le calme intérieur, la maîtrise de soi. Ses principaux disciples furent Me ITOSU, Me AZATO, Me KIYAN, Me YABU.

LES MAÎTRES DU SHORIN-RYU

Maître ITOSU Anko fut le disciple de Maître MATSUMURA entre 1840 et 1848. C’est lui qui introduisit l’entraînement de l’Okinawa-Te dans les écoles d’Okinawa. Maître ITOSU se rendit compte que les katas anciens étaient trop complexes pour des collégiens. En 1907 il créa des katas simplifiés, les PINAN, à partir des katas Passai, Kushanku, Chinto et Jion. Il scinda aussi le kata Naihanchi en trois afin de rendre son apprentissage plus facile. Maître ITOSU était réputé pour sa force et les nombreux défis qu’il gagna toujours. Ses principaux disciples furent Me CHIBANA, Me FUNAKOSHI, Me MABUNI.

Dès l’âge de 15 ans, Maître CHIBANA Shoshin fut le disciple de Maître ITOSU et ce jusqu’à la mort de celui-ci. En 1920 il ouvrit un dojo à Shuri et nomme son style Shorin-Ryu (lire Kobayashi-Ryu) qui est la transcription Okinawaïenne de Shaolin (école de la petite forêt). En 1956, il devint le premier président de l’Okinawa Karate-Do Renmei (association qui regroupe l’ensemble des styles de l’île). Ses principaux disciples furent Yuchoku HIGA, Shuguro NAKAZATO et Katsuya MIYAHIRA.

Maître MIYAHIRA Katsuya était l’élève le plus ancien de Maître CHIBANA, de qui il apprit surtout les katas enseignés par Maître ITOSU. C’est avec Maître Chôki MOTOBU qu’il s’est initié au kumite et au combat. Maître MOTOBU était un redoutable combattant et s’entraînait beaucoup au makiwara. Maître MIYAHIRA nous dit : « sans makiwara il n’y a pas de Karaté d’Okinawa ».